Le "Bestiaire
fantastique" fait partie de ces ouvrages que l’on ouvre
comme une friandise, avec impatience, tant il semble constituer une
belle promesse.
L’éditeur (Terre de Brume) présente
l’oeuvre comme un "tour de France des créatures
fantastiques et féériques", un "ouvrage
encyclopédique" permettant de découvrir ces êtres
extraordinaires qui peuplent nos régions et constituent notre
folklore populaire.
Toutefois, pour le
lecteur, le "Bestiaire" est bien davantage qu’une
encyclopédie.
En effet, comme le
souligne si bien Pierre Dubois dans sa belle préface, "il
ne s’agit pas ici d’un simple inventaire… d’un rassurant
dictionnaire. On sait bien qu’un simple dictionnaire est un leurre,
que, malgré ses plus justes définitions une pipe n’est pas une
pipe, qu’un robinet n’est pas vraiment un robinet et que le mot
« travers » est bien plus tordu en réalité que sa
formule… Que la lettre « A » n’est pas seulement la
première lettre et voyelle de l’alphabet mais que tout un Monde du
« A » se cache derrière… ainsi il en est tout pareil
pour cet ouvrage où au-delà de la « fabuleuse présentation »
s’ouvre tout un jardin d’âmes, de présences précieuses, si
aériennes, fluides ou au contraire dangereuses que l’on ne peut
les survoler d’un œil distrait sous peine de ne point les
comprendre, de ne point les rencontrer, de ne point se laisser
encharmer… ou de se faire gober".
Si le travail "encyclopédique" effectué par les auteurs est
absolument remarquable, l’ouvrage parvient en même temps à
s’affranchir, avec talent, des défauts inhérents aux
dictionnaires pour faire entrer le lecteur dans un défilé
enchanteur de créatures toutes plus mystérieuses les unes que les
autres.
Au détour des pages de
l’ouvrage, le lecteur fait la connaissance de nombreux personnages
dont il ignorait jusqu’à présent l’existence. Il découvre
également que certaines régions, supposément peu concernées par
la féérie et le fantastique, possèdent elles aussi leurs créatures
et légendes. Le "Bestiaire" évite ainsi la facilité
qui aurait consisté à se concentrer uniquement sur la Bretagne,
comme tant d’autres ouvrages. Enfin, il est intéressant de
constater que certaines créatures ou certains personnages
apparaissent dans plusieurs régions, sous des formes souvent
différentes et des caractéristiques bien particulières.
"Embarqué" par les auteurs dans ce voyage féérique, le lecteur ravi ne peut
émettre que deux très légers bémols sur l’ouvrage. Ainsi,
certaines descriptions sont parfois trop succinctes et laissent le
lecteur sur sa faim. On regrette que les développements concernant
certaines créatures mythiques telles que le Basilic ou la Bête du
Gévaudan soient si courts.
Enfin, les illustrations
sont choisies avec soin et pertinence, donnant un "cachet" à l’ouvrage. On peut toutefois regretter qu’elles soient si peu
nombreuses, bien que ce choix soit compréhensible étant donné le
nombre de créatures référencées dans cet ouvrage (plus de 600 !).
Pour conclure, n’hésitez
pas un instant à vous procurer ce fabuleux ouvrage ! D’autant
que découvrir les créatures de ce « Bestiaire », c’est
leur permettre, avant tout, d’exister. Comme le rappelle Carl von
Linné, cité par les auteurs : « si tu ignores le nom des
choses, leur connaissance disparait ». Merci à Richard Ely et
Amélie Tsaag Valren de diffuser, avec brio, cette connaissance.
Athina
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire